"Le Confesseur et le Pénitent"

L'artiste, Natacha Mercier en prêtre façon "DDE" en attente d'un Pénitent dans son Opel Corsa

"Le Confesseur et le Pénitent"

Une Opel Corsa B, noire sur le lieu du festival Hacker Space Fest à Vitry sur Seine.

Sur les vitres de celle – ci, la trame du grillage du confessionnal (vénilia simuli bois) -
La voiture devenait un confessionnal semi – clos ; en effet, on pouvait percevoir (si l’on s’approchait) ce qu’il se passait à l’intérieur de l’habitacle à travers la trame.

Natacha Mercier, artiste confesseur était habillée en prêtre façon « DDE ». Elle avait pour rôle d’écouter un pénitent et de lui pardonner ses pêchés (de la manière qu’il lui convenait). Pour que l’artiste le pardonne, il fallait être triste d’avoir commis ces fautes et promettre de ne plus jamais recommencer.

Une lampe verte indiquait au public que le confessionnal était disponible et une rouge qu’il était occupé.

Le Pénitent entrait dans la petite Opel et s’asseyait sur le siège conducteur, l’artiste étant sourde à 100 pour cent de l’oreille droite.
Le Pénitent, quelques fois, couchait instinctivement le siège…
Le public entourait l’automobile et semblait intrigué par ce qu’il pouvait se dire et se passer à l’intérieur de l’habitacle….Quelques fois un regard se glissait à travers le grillage…

Un écriteau précisait pourtant qu’il est considéré comme poli de se couvrir les oreilles avec les mains afin de respecter la privauté des échanges entre le confesseur et le confessé, que le confessionnal était occupé ou non.

Les entretiens ont duré entre 20 minutes à deux heures et l’artiste a rencontré environ une quinzaine de Pénitents sur le week – end.
Les photos de l'installation :




Le flyer de la performance :

Un témoignage "hors les murs" :
"J'ai éclaté de rire en voyant l'expression de ton visage en prêtre façon DDE. Ça m'a rappelé un souvenir perso qui remonte à mes 11 ans. Je suis viscéralement athée depuis l'âge de 8 ans ; mais j'ai quand même dû aller au catéchisme jusqu'à 12 et à la messe le dimanche jusqu'à 14. Je suis aussi né le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception ( en Espagne, c'est même férié : sans blague ). Pour quelqu'un d'aussi anticlérical que moi, tout ceci est lourd à porter ( à chacun sa croix.). Or, j'avais 11 ans quand j'ai été contraint de me confesser pour la seule et unique fois de ma vie ( ça entrait dans le cadre du cursus catho classique ). Ça se situait dans une salle de la paroisse réservée aux jeunes. Pas de confessionnal classique, mais juste un banc en pierre. Les autres jeunes postulants à confesse étaient assis quelques mètres plus loin, les conversations se déroulant à voix basse, naturellement. Une confession à la bonne franquette, en somme ; décomplexée et un rien new wave. Il y avait donc l'abbé à ma droite sur ce fameux banc froid et moi à côté qui n'en menais pas large. Et pour cause : non seulement, je ne voulais pas être là ; mais surtout je voulais m'en aller le plus vite possible. Le prêtre et la situation me mettaient réellement mal à l'aise, et plus encore quand il m'a demandé si j'avais commis un péché, récemment. Comme, étant donné mon stress, rien ne me venait à l'esprit ( saint ? ), j'ai donc inventé. J'ai inventé un péché ! En d'autres termes, j'ai sciemment menti dans le cadre de la confession et ça, sans vouloir me vanter, il faut le faire ! Je me rappelle avoir dit que j'avais refusé de prêter mes feutres à ma sour. Pas très original, mais j'ai vraiment balancé le premier truc qui me passait par la tête. Depuis ce jour, j'ai sans doute une place qui m'attend en enfer. Après t'avoir vue dans ta « Corsafessionnal » je me suis dit que si, un certain dimanche matin de mes 11 ans, je t'avais eue toi comme confesseur à la place d'un abbé à tronche de hareng frit ; je crois qu'au lieu de tout faire pour écourter l'entretien, j'aurais au contraire déployé des trésors d'imagination pour le prolonger au maximum (...)."

Jack Alba, 11 septembre 2008.